dimanche, 28 avril
Dimanche 3 décembre 2023. 1er dimanche de l'AVENT. Frère Arnaud Blunat
 
Veillez...

Entre tous les textes que nous venons d’entendre, il y a comme une même attente, un même climat d’impatience.
« Ah, si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes seraient ébranlées devant ta face », s’exclame le prophète Isaïe.
« Réveille ta vaillance et viens nous sauver », chante le psaume.
De son côté, S. Paul déclare aux Corinthiens : « vous qui attendez la venue de notre Seigneur, c’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout »

Et dans l’évangile de Marc Jésus nous invite à veiller, car nous ne savons pas quand le maître de maison reviendra.

Des siècles ont passé, et le Seigneur n’est toujours pas revenu. Année après année, nous entendons le même message. Cependant, de nouvelles générations découvrent la foi, mais sont invitées comme nous à veiller. Alors pourquoi donc Dieu tarde-t-il à venir, pourquoi donc veut-il éprouver à ce point notre foi et met-il à si rude épreuve notre fidélité ?

Une première raison du retard de Dieu pourrait être le péché des hommes.

« nous étions comme des gens impurs,
et tous nos actes justes n’étaient que linges souillés.
Tous, nous étions desséchés comme des feuilles,
et nos fautes, comme le vent, nous emportaient.
Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi ».

La racine du péché se trouve ainsi exprimée. D’après Isaïe, Dieu n’intéresse plus les hommes. Les uns et les autres mènent leurs affaires à leur gré, ils suivent leurs idoles, ils se construisent de fausses divinités. Leur coeur est rempli de malveillance, d’envie et de jalousie.

Une deuxième raison du retard de Dieu est sa patience à vouloir nous montrer son amour.

De fait, Dieu est celui qui nous a aimés le premier. Il croit en la capacité de l’homme à revenir vers lui, et donc ne cesse de lui donner les moyens de se tourner vers lui. Il lui fait don de l’intelligence, mais aussi de la liberté pour qu’il revienne vers lui de tout son coeur, de toute son âme.
Le Seigneur ne veut pas nous forcer, il ne veut pas nous sauver sans nous, malgré nous.

Pour autant, nous pourrions lui objecter que chaque époque de l’humanité est marquée par tellement de catastrophes qui détruisent tant de vies, déciment tant de familles. Ne faudrait-il pas qu’il arrête purement et simplement le cours de sa création, pour que l’ordre du temps et de l’espace accèdent enfin à l’éternité ?

Une troisième raison du retard de Dieu pourrait être enfin qu’il veut réaliser la totalité de son projet en appelant à la vie tous ceux qu’il a voulu de toute éternité. Car c’est dans l’humanité qu’il a choisi de venir demeurer. Le corps qu’il constitue avec son Fils et les membres que nous sommes n’est pas encore au complet. Nous allons cheminer pendant ce temps de l’Avent vers la fête de sa venue au monde, sa première venue par l’incarnation. Or en attendant la deuxième venue dans sa gloire, il veut déjà nous habituer à l’accueillir dans le présent de notre vie sur la terre.
Le temps de l’histoire devient dès lors un défi permanent pour Dieu mais aussi pour nous.
En effet, Dieu veut encore et encore s’appuyer sur les hommes justes et de bonne volonté, il compte sur ceux qu’il appelle et à qui il donne sa grâce pour transformer le monde, pour continuer à l’améliorer, pourvu que l’homme veuille bien se tourner vers lui. C’est donc un défi pour l’homme qui doit percevoir la présence qualitative de Dieu dans sa vie, lui agit à ses côtés par de multiples actions de son amour.

Un jour la rencontre entre Dieu et l’humanité sera vraiment possible mais cela Dieu seul en est la maître, et nous sommes invités à veiller, car lui seul connaît le moment. Il ne nous demande qu’une chose : veiller !