Samedi, 11 Mai

10 septembre 2023. 23ème dimanche du Temps ordinaire. Bertrand Caux, diacre.

La correction fraternelle : une démarche d'amour.

Les textes qui sont proposés à notre méditation aujourd’hui expriment un désir profond de Dieu que nous vivions en frères et sœurs, fils et filles d’un même Père. Et pour vivre cette fraternité, il nous donne un outil efficace qui est celui de la correction fraternelle.

Ce désir profond de Dieu d’une fraternité entre nous est déjà bien présent dans l’ancien testament. Dans la première lecture, extraite du livre du prophète Ezéchiel, Dieu demande instamment au prophète d’être un guetteur pour la maison d’Israël afin qu’aucun de ses membres ne soit perdu. Il lui demande d’avertir le « méchant » d’abandonner sa conduite mauvaise, tout en respectant bien sûr sa liberté. En effet, tout ne peut se faire que dans l’amour.

Si on ne peut sauver une personne contre sa volonté, il est de notre devoir de l’avertir de l’incohérence de sa conduite, si nous en sommes témoins.

Dans l’Evangile, ce désir de Dieu que nous vivions la fraternité, est repris par Jésus dans le passage que nous avons entendu. Il est intéressant de noter que l’évangéliste Matthieu le place entre l’histoire de la brebis égarée racontée par Jésus et une invitation qu’il fait à ses disciples de pardonner jusqu’à l’infini.

L’histoire de la brebis égarée illustre magnifiquement la miséricorde infinie de Dieu qui, comme un berger en charge d’un troupeau de cent brebis est prêt à abandonner les quatre-vingt-dix-neuf qui ne posent pas de problème pour aller en rechercher une qui s’est égarée.

Cette miséricorde infinie de Dieu est clairement exprimée ensuite par ce pardon que Jésus invite à donner jusqu’à soixante-dix fois sept fois, c’est-à-dire jusqu’à l’infini en réponse à une question de l’apôtre Pierre : « quand mon frère commettra une faute à mon égard, combien de fois lui pardonnerai-je ? ».

Ainsi, vivre la fraternité c’est entrer dans la miséricorde de Dieu et son pardon. Rappelons-nous cette béatitude proposée par Jésus : « Heureux les miséricordieux car ils obtiendront miséricorde »

Dans le passage de l’Evangile qui nous concerne aujourd’hui, Jésus supplie ses disciples, et donc chacun de nous, de mettre en œuvre cet outil efficace de la correction fraternelle envers celui qui nous fait du mal. Mais en quoi consiste cette correction fraternelle ?

Le premier conseil que Jésus donne est d’intervenir d’abord seul avec la personne pour lui exprimer ce qui ne va pas. Cela demande bien sûr du courage mais surtout beaucoup d’amour. Un amour bienveillant, habité par la miséricorde et le pardon.

Pour ma part, j’y vois le signe et l’expression de la grande délicatesse et tendresse de Dieu. Il y a là aussi un bel écho à cette demande que Dieu adresse à Ezéchiel d’agir en guetteur, non pour condamner le « méchant », mais pour l’avertir et tout faire pour qu’il abandonne sa conduite mauvaise.

Ainsi sommes-nous appelés à être des guetteurs, au sens noble du terme, vis-à-vis de nos frères et sœurs. Des guetteurs aimants et bienveillants …

Car pour Dieu, une seule personne qui abandonne sa conduite mortifère et retrouve le chemin de la fraternité est source d’une joie immense qui mérite que l’on s’y investisse.

En cas d’échec, Jésus nous invite à poursuivre le dialogue avec deux ou trois témoins et en dernier recours seulement d’en référer à l’Eglise.

Ce qui me touche dans les propos de Jésus, c’est toute l’énergie qu’il nous invite à déployer, en son nom, dans le dialogue. Cela nous dit l’espérance infinie qui habite Dieu pour toute personne.

A vue humaine, nous pourrions vite être envahis par un sentiment de découragement et de condamnation de la personne « méchante », mais pour Dieu, il en est autrement. Même dans une situation d’échec total, Jésus nous invite à voir la personne comme un frère païen ou comme un collecteur d’impôt, c’est-à-dire un frère à aimer.

Ainsi, ce passage d’Evangile relativement court, est porteur à lui seul d’un message très fort qui exprime tout le désir de Dieu que nos communautés vivent d’une véritable fraternité. En effet, Il en va de la vie même de nos communautés et de la crédibilité du message de l’amour de Dieu pour tous dont elles sont porteuses.

Ce message est d’ailleurs clairement exprimé dans la deuxième lecture lorsque St Paul conclut : « le plein accomplissement de la loi, c’est l’amour ».

Si vivre la fraternité, comme l’entend Jésus, peut nous paraitre difficile, nous pouvons nous appuyer sur sa Parole : « si deux d’entre vous sur la terre, se mettent d’accord pour demander quoi que ce soit, ils l’obtiendront de mon Père qui est aux cieux. En effet, quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux ».

Oui, nous ne sommes pas seuls dans cette aventure de la vie fraternelle. Jésus est à nos côtés pour nous guider et nous donner la force nécessaire pour vaincre l’impossible.

Alors quelle joie de participer à cette mission d’Eglise qui est de mettre en œuvre des liens d’amour, et donc de fraternité, entre les êtres et de « délier » ce qui n’est pas dans l’amour.

Puisse cette eucharistie nous aider à être des guetteurs soucieux de prendre soin de nos frères et expérimenter la puissance d’une prière partagée à plusieurs au nom du Christ.