Dimanche, 12 Mai

27 août 2023. 21ème dimanche du Temps ordinaire. Frère Arnaud Blunat (op)

« Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise »
Pierre est l’apôtre le plus connu, celui dont les évangiles parlent le plus. Nous le connaissons bien, et nous l’aimons bien, parce qu’au fond il est un peu comme nous.

Pierre est souvent en première ligne. C’est un meneur d’homme, au caractère bien trempé. Il résiste, il s’oppose, il se met parfois en colère.
Quand Jésus l’a appelé à le suivre, c’était au bord du lac de Galilée. Pierre a tout quitté, sa petite entreprise familiale, ses proches, pour se mettre en route, avec André son frère et d’autres compagnons.
Pierre a dû beaucoup échanger avec eux au sujet de Jésus. Comment ne pas se poser des questions en présence d’un homme si extraordinaire, si surprenant ? Ses miracles, ses guérisons, et surtout ses enseignements, ses paroles tellement fortes, tellement lumineuses… Non, Jésus n’est pas un homme comme les autres, et pourtant il semble si proche, tellement l’un de nous.
Après la multiplication des pains et le discours du pain de vie, Pierre répondra à Jésus qui leur demande s’ils veulent le quitter : Seigneur, à qui irions nous tu as les paroles de la vie éternelle !

C’est au moment où Jésus s’apprête à annoncer à ses disciples qu’il va monter à Jérusalem pour y mourir et ressusciter, c’est à ce moment qu’il veut en quelque sorte tester leur confiance, leur foi.

« Pour vous qui suis-je ? » comme pour pouvoir mieux dire ensuite : serez vous prêts à me suivre jusqu’au bout ?
Les réponses diverses semblent quelque peu hésitantes : Jean Baptiste, Elie, Jérémie. Au fond, que peut-on dire de Jésus ? Qui est-il vraiment ? Et pour nous, pour vous, frères et sœurs, qui est-il ?
La réponse de Pierre jaillit : c’est toi le Messie, tu es le Fils du Dieu vivant !
Quant à nous, pouvons-nous nous contenter de reprendre cette affirmation, comme une leçon bien apprise ? N’avons nous pas à nous interroger sur nous-mêmes ?

Sur quelle  expérience personnelle s’appuie ma foi ?
Quelle place Jésus a-t-il dans mon existence, dans mon parcours de vie ?
Est-il seulement un homme que j’admire, tel un héros, ou bien est-il bien autre chose ?

Jésus répond à Pierre que c’est son Père, le Père des cieux, qui lui a permis de dire ; Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !

Et il ajoute : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise »
Quand Jésus avait rencontré Pierre pour la première fois, il lui avait dit : « tu es Simon, le fils de Jean, tu t’appelleras Képhas, ce qui veut dire Pierre ».

Képhas, rocher, roc, pierre : un nom symbolique, un nom programme. Jésus veut s’appuyer sur Pierre, comme on s’appuie sur un roc, il le désigne pour un jour conduire l’Église, la communauté des croyants, et ainsi poursuivre la mission.
Pourtant, nous connaissons bien l’histoire de Pierre, comment il a trahi Jésus par trois fois. Comment pourrait-il conduire l’Église ?

Après la Résurrection, Jésus le retrouve au bord du lac et, comme au premier jour, il lui dira : Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? Par trois fois ! Et il ajoutera : sois le berger de mes brebis.

Jésus sait bien que Pierre est et reste un homme. Mais il connaît son coeur. Il connaît sa foi. Il sait son attachement, son amour. Pierre lui-même s’écrira : Seigneur, tu sais bien que je t’aime ! L’amour de Pierre ne serait rien sans l’amour de Dieu.
Ce n’est pas tant sur la personne de Pierre que Jésus veut bâtir son Eglise, mais sur sa foi. Cette foi qui passera par l’expérience de la faiblesse, qui sera éprouvée et en sortira plus forte et s’appuiera sur Dieu seul.

C’est donc sur cette parole de foi que Dieu construit un lien indéfectible avec Pierre.

Ce que Pierre a vécu, chacun de nous est en mesure de le vivre également.
Le Seigneur continue à bâtir son Eglise en appelant chacun de nous à répondre personnellement à la question : pour vous, qui suis-je ?

Question difficile, exigeante voire déstabilisante, surtout quand on a conscience de ce que nous sommes, de nos lâchetés, de nos abandons… Question qui ne nous laissera pas en repos, si on reste avec ses regrets, son amertume, sa révolte, si on garde sa colère, son ressentiment, sa déception...
Il y en a qui diront peut-être : pour moi, tu n’es rien, tu n’es plus rien ! Mais est-ce si sûr ?
Jésus n’a pas forcément dit son dernier mot. Comme pour Pierre, il reviendra tôt ou tard au lieu du commencement ; il osera nous demander encore : M’aimes-tu ?

Les hommes auront beau dire que Dieu n’existe pas, Dieu continuera à les aimer et à leur montrer que la seule voie qui a du sens, c’est l’amour, mais son amour qui se donne totalement, son amour qu’il a manifesté sur la croix, mais il ne contraindra qui que ce soit. L’amour reste libre.

L’Église que Jésus bâtit sur Pierre ne peut se faire sans nous. Elle se construit avec chacun, chacune d’entre nous. Personne n’est inutile. Chacun y a sa place. Dieu a besoin du oui de chaque homme pour bâtir son Eglise, pour édifier son Royaume. L’Église, c’est nous tous à la suite de Pierre et des autres apôtres !

Pierre reçoit la mission de conduire tous les hommes sur le chemin de la foi, de les conduire à Dieu. Mais comme le dit Jésus, il y a des choses qui doivent être liées, et des choses qui doivent être déliées.

Assurément, ce qui sera lié, c’est pour être détruit, c’est tout le mal dans lequel Dieu ne se reconnaît pas, le mal qui détruit le coeur de l’homme, le péché qui le coupe de Dieu. Comme l’ivraie, la mauvaise herbe qui sera liée en bottes et brûlée.

Ce qui doit être délié, c’est ce que nous avons de meilleur, le trésor que nous portons en nous, le trésor de notre coeur, que nous avons caché à Dieu, c’est toute notre personne appelée à entrer librement dans la joie du Royaume.

Alors, la clé qui nous est donnée, c’est l’accueil du pardon, de la miséricorde, de sorte que nous puissions dire : Oui, Seigneur, je crois ! Viens ouvrir mon coeur à ton amour !