Samedi, 11 Mai

Dimanche 13 août 2023. 19ème dimanche du Temps ordinaire. Bertrand Caux, diacre.

La puissance d'une brise légère

Lors d’un déplacement récent sur Paris, j’en ai profité pour aller voir l’exposition de « Ramsès et l’or des Pharaons » à la Grand Halle de la Villette.

En étant sur place à l’heure à l’heure indiquée sur ma réservation, je me suis trouvé confronté à une file d’attente énorme sur le parvis de la Grande Halle. L’ambiance était plutôt bruyante et les gens concentrées vers l’entrée principale en attente d’un déblocage de la file d’attente. Et voilà que surgit d’une porte annexe une jeune femme grandement paralysée qui était en fauteuil roulant poussé par une personne et accompagnée par une autre.

La personne sur le fauteuil était rayonnante d’un sourire éclatant qui témoignait d’une joie intense qui l’habitait.

Je l’ai suivi du regard lors de sa traversée de l’esplanade et je dois dire que j’ai vécu cela comme une Parole de Dieu à accueillir. Mais peu de gens se sont rendu compte de son passage.

Si je vous dis cela, c’est pour tenter d’illustrer à ma façon la première lecture tirée du premier livre des Rois. Nous voyons le prophète Elie qui fait l’expérience d’un Dieu qui se donne à percevoir et à entendre, non pas dans un ouragan, un tremblement de terre ou dans le feu, c’est-à-dire dans l’extraordinaire, mais dans le murmure d’une brise légère, c’est-à-dire dans l’ordinaire de nos vies.

Nous sommes malheureusement assaillis de nouvelles sensationnelles qui font la une des quotidiens et des réseaux sociaux et nous avons du mal à percevoir les multiples petites pousses de vie qui témoignent de l’action de l’Esprit Saint. Car, nous le savons, Il est plus facile de focaliser son attention sur un arbre qui s’effondre à grand bruit dans une forêt que sur tous les autres qui poussent sans faire de bruit.

Si Dieu est tout spécialement présent dans ce que nous appelons la Parole de Dieu, nous pouvons aussi comprendre l’expérience d’Elie comme une invitation à porter un attention toute particulière à cette Parole de Dieu qui ne fait pas de bruit, et que l’Eglise propose à notre méditation chaque jour. Elle est là comme le murmure d’une brise légère qui veut nous faire goûter combien Dieu nous aime et prend soin de nous.

Dans la liturgie dominicale, il y a toujours un lien très fort entre la première lecture et l’évangile. Si j’ai pris le temps de m’intéresser à la première lecture, qu’en est-il de l’évangile ?

Dans l’évangile, nous voyons les disciples seuls dans une barque au milieu du lac, loin d’une rive rassurante. De plus, c’est la nuit et ils sont confrontés à une forte tempête qui les déstabilisent. Et voici que vers la fin de la nuit seulement, et donc à l’approche du jour, Jésus les rejoint en marchant sur les eaux.

Il y a là une magnifique catéchèse sur la peur et la foi qui peut être examinée en résonnance avec l’expérience d’Elie entendue dans la première lecture.

Dans l’Evangile, nous voyons les disciples pris de panique et de peur en voyant Jésus marcher sur les eaux à leur rencontre. Dans le langage biblique, les eaux de la mer représentent les forces du mal et de la mort qui nous assaillent individuellement et collectivement dans nos vies.

 Ces forces de mal et de mort peuvent prendre des formes diverses. Je laisse le soin à chacun d’identifier ces forces.  Face à cela, Jésus invite les disciples, et donc chacun de nous, à ne pas sombrer dans la peur, mais à garder confiance et donc foi en Dieu.

Mais voici que l’Apôtre Pierre ordonne à Jésus qu’il puisse, lui aussi, venir le rejoindre en marchant sur les eaux. Jésus l’avait pourtant invité à la confiance, mais Pierre veut faire l’expérience d’une action spectaculaire de Jésus à son égard.

Jésus respecte l’itinéraire de Pierre, comme il respecte tous nos itinéraires pour aller vers lui. Mais très vite Pierre prend peur et fait l’expérience d’un Dieu qui n’opère pas par magie. Jésus le sauve de cette situation et souligne son manque de foi.

Ainsi en est-il pour nous aujourd’hui lorsque nous sommes confrontés à de lourdes épreuves. Nous pouvons attendre de Dieu qu’il nous en délivre par une action spectaculaire.

Comme pour le prophète Elie et pour l’Apôtre Pierre, nous sommes appelés à faire l’expérience d’un Dieu qui n’est pas dans le sensationnel et le spectaculaire, mais qui se donne à voir et à entendre dans l’ordinaire de nos vies. Il n’est jamais absent de nos épreuves. Il nous rejoint toujours pour nous sauver et pour cela, il nous appelle à la confiance.

Puisse cette eucharistie nous aider à découvrir un peu plus la puissance de cette brise légère que représente la Parole de Dieu pour autant que nous la fassions résonner dans nos vies!

Amen