Mercredi, 21 Mai
Homélie du dimanche 6 avril 2025. 5ème dimanche de Carême. Frère Arnaud Blunat, op.
3ème et dernier scrutin des cathéchumènes. Le retour à la vie de Lazare (Jean11, 1-45)

 

De Lazare nous ne savons rien ou presque.
Ce n’est que l’évangile de Jean qui en parle.
Nous savons qu’il était le frère de Marthe et de Marie, et qu’il était l’ami de Jésus.
Un ami très cher, puisque Jésus est profondément ému par sa mort.
L’évangile de Luc nous dit que Jésus aimait s’arrêter chez Marthe et Marie, et l’on peut supposer qu’il aimait également s’entretenir avec Lazare.
Pourtant l’évangile n’a laissé aucun échange de Jésus avec lui.

Comme d’autres personnages qui ne disent rien, Lazare, c’est un peu chacun de nous.
Or Lazare tombe malade, et Jésus pensait pouvoir venir le guérir et ainsi manifester la gloire de Dieu. Mais il semble se contredire car peu après il déclare que Lazare est mort. Pour autant le mort de son ami l’ébranle, le bouleverse profondément.

Dans sa nature divine qui l’unit au Père, Jésus n’en est pas moins homme et révèle ainsi la toute la richesse de son humanité.
N’est-ce pas cette humanité qui nous permet d’être réceptif à sa parole.
Pour autant, Jésus ne peut pas laisser son ami voir la corruption, comme le dit un psaume.
Il ne peut pas supporter que Lazare soit ainsi prisonnier du tombeau.
Lazare, viens dehors ! Sors de ton tombeau !
Voilà que cette parole résonne au plus intime de nous-même !

Car Lazare, c’est vous, c’est moi. C’est moi qui suis trop souvent enfermé en moi-même.
C’est moi quand je rumine ma colère, moi qui refuse le dialogue avec celui qui m’a contrarié, qui m’a blessé, qui s’est mis en travers de ma route.
C’est moi qui coupe la relation avec Dieu, parce qu’il m’a déçu, parce qu’il m’a abandonné.
En me repliant sur moi-même, je suis comme mort. Je suis enfermé dans mon tombeau intérieur.


C’est une autre manière de dire comme Saint Paul, que je vis sous l’emprise de la chair et non pas sous l’emprise de l’esprit. Ce que désigne la chair, ce n’est pas ce que vous pensez, mais ce sont ces réflexes humains, ce fonctionnement individuel, ce qui fait que je pars de moi-même, je suis autocentré, auto référencé et ne veux rendre de compte qu’à moi-même. Voilà ce que c’est que vivre selon la chair, dans la chair. Alors que vivre dans l’esprit, c’est se mettre à l’écoute de Dieu, c’est se décentrer de soi pour faire confiance à Dieu, accepter qu’il soit le guide et le maître de ma vie.

Alors lorsque je sors de mon tombeau, lorsque je me laisse libérer par le Seigneur, il se passe la même chose que pour Lazare. Je redeviens libre. Déliez-le et laissez le aller !

Saint Jean nous dit que beaucoup de personnes crurent en Jésus.

Et pourtant, cela ne plaisait pas à tout le monde. Car à partir de là d’autres vont tout faire pour supprimer Jésus.
Quelle paradoxe ! Celui qui donne et redonne la vie, c’est celui qu’on veut mettre à mort !

Frères et sœurs, ne soyons pas de ceux-là !

Jésus nous aime et ne veut pas que nous mourrions.
Un jour nous quitterons cette terre, mais quel sens aurait notre vie si nous étions déjà morts intérieurement, spirituellement.
Aujourd’hui, il veut nous faire sortir de nos tombeaux, pour que nous ne soyons jamais séparés de lui au dernier jour !