Alors que nous sommes dans l’année liturgique C, les lectures de ce dimanche, comme celle de dimanche dernier sont extraites de l’année A pour tenir compte des scrutins de nos catéchumènes.
A l’occasion de ce deuxième scrutin, je vous invite à méditer sur la lumière. Cette lumière que les catéchumènes vont recevoir lors de leur baptême dans la nuit Pascale, et que nous recevrons, nous aussi, cette nuit en renouvellement de notre baptême.
Cette lumière, c’est celle du Christ ressuscité qui vient illuminer nos vies, guider nos pas dans nos ténèbres pour nous montrer le chemin du bonheur qui mène à Dieu et nous faire entrer dans son intimité.Mais encore faut-il que nous soyons en capacité de voir, de reconnaitre et d’accueillir cette lumière. Pour cela, il nous faut guérir de cette cécité innée qui est enracinée dans notre condition humaine de pêcheur.La première lecture, extraite du premier livre de Samuel, nous montre cette difficulté d’accéder à la lumière qui vient de Dieu.
En effet, le prophète Samuel reçoit du Seigneur la mission de partir auprès de Jessé de Bethléem pour y oindre d’huile le futur Roi et messie d’Israël qu’Il s’est choisi.
Nous voyons la difficulté de Samuel, ce jeune prophète, de trouver du premier regard ce Roi et messie parmi les nombreux fils de Jessé. Comme tout un chacun, son premier regard se porte sur Eliab, le fils ainé, qui avait une belle apparence et une haute taille.
Mais comme il est dit dans ce passage : « Dieu ne regarde pas comme les hommes. Les hommes regardent l’apparence, mais le Seigneur regarde le cœur ».
C’est ainsi que Samuel est invité à voir autrement, avec son cœur, et à se tourner vers le plus jeune des fils de Jessé, le huitième de la fratrie qui, ce jour-là, n’était pas dans la maison car il était en train de garder le troupeau.
Nous voyons ici le choix de Dieu qui se porte vers le plus petit, le plus faible, celui qu’on ne prend même pas la peine ni de montrer, ni de présenter…
C’est en écoutant le Seigneur et en se laissant guider par lui que Samuel a pu choisir et oindre le jeune David pour qu’il devienne le futur Roi et messie d’Israël après Saül.
Lors de notre baptême, nous aussi, nous recevons l’onction d’huile. Elle manifeste notre élection par Dieu au titre de fils mais aussi de Roi, non pour une royauté terrestre mais pour celle du royaume de Dieu que nous sommes invités à édifier, non par la force, mais en aimant nos frères et en les servant comme Jésus l’a fait. Par cette onction d’huile qui imprègne notre corps en profondeur nous est donnée la force de l’Esprit Saint qui nous permet de suivre le Christ.
L’Evangile relate la guérison d’un aveugle de naissance qui mendiait sur le parvis du temple de Jérusalem. Le fait que ce soit un mendiant, un petit, un pauvre n’est pas anodin. A l’époque, être aveugle ou infirme était considéré comme la marque visible du péché et les personnes qui en étaient victimes étaient souvent vouées au rejet et du coup à la misère.
C’est pourtant le pauvre et en plus aveugle, donc considéré comme pécheur, c’est lui qui est en capacité d’accueillir la lumière que représente Jésus et de se laisser guérir par lui. Quel paradoxe apparent ! Quel bel exemple de la puissance de l’évangile destiné aux pauvres en priorité ! Et Nous voyons bien en effet dans ce passage combien il est difficile pour les pharisiens, ceux qui sont riches de savoir et aveuglés de certitude, d’accueillir Jésus comme l’envoyé de Dieu et donc comme lumière du monde. Il faut que ce soit un aveugle qui leur ouvre les yeux !...
Dans cet aveugle de naissance, qui n’est pas nommé, nous pouvons tous nous reconnaitre. Comme lui, nous sommes tous appelés, au-delà de notre condition de pêcheur à ouvrir nos yeux et notre cœur à la présence lumineuse de Dieu dans notre vie.
Mais pour cela, nous avons besoin d’être guéris. Et le seul qui puisse nous guérir, c’est le Seigneur Jésus : « Moi, je suis la lumière du monde, dit-il. Celui qui me suit aura la lumière de la vie. » Ainsi, sommes-nous appelés, par notre baptême, à suivre le Christ, à nous laisser envahir par sa lumière et à rendre visible cette lumière autour de nous.
Avec cette lumière, nous faisons l’expérience d’une vie renouvelée comme fils et fille de Dieu qui ne demande qu’à s’intensifier au fil de nos conversions progressives.
Ce temps de Carême est un temps propice de conversion pour accueillir la vraie lumière. Profitons de ce temps pour accentuer notre prière dans un cœur à cœur avec le Seigneur. Profitons-en pour entendre ce qu’il veut nous dire à travers sa Parole, mais aussi à travers ce que nous vivons avec nos frères et les évènements de nos vies.
Mettons notre confiance en cette lumière qui nous est donnée. Alors, dégagés de la peur nous pourrons rejoindre la prière du psalmiste qui nous avons entendue : « Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi, ton bâton me guide et me rassure ».
Comme le dit Saint Paul aux Ephésiens dans la deuxième lecture : « Autrefois, vous étiez dans les ténèbres ; maintenant, dans le Seigneur, vous êtes lumière ». Et cette lumière est bien là pour nous affranchir de nos peurs et des ténèbres qu’elles représentent.
Puisse cette eucharistie nous faire entrer toujours plus dans une démarche d’enfants de lumière :
« Une lumière » qui, comme le dit St Paul, « a pour fruit tout ce qui est bonté, justice et vérité. » Amen.