De dimanche en dimanche, nous poursuivons la lecture de l’évangile de Marc et approchons du moment où Jésus va sauver notre humanité en donnant librement et par amour sa vie sur la croix.
Le passage d’aujourd’hui se situe juste avant son entrée triomphale à Jérusalem. Une entrée qui, nous le savons, sera suivie de son arrestation et de sa condamnation à la mort sur une croix.
Jésus sort de Jéricho accompagné de ses disciples et d’une foule nombreuse. Il s’apprête à monter à Jérusalem. Une montée qui, au final, le conduira sur la croix.
Jéricho est une ville bien connue dans l’ancien testament. C’est en particulier la première conquête des Israelites au sortir du désert en direction de la terre promise, après leur libération d’Egypte.
C’est donc une ville chargée d’histoire et de symbole que Jésus traverse.
Mais cette ville, située au nord de la mer morte et à l’ouest du Jourdain, a aussi une caractéristique qui est porteuse d’un autre symbole. C’est sa situation altimétrique. Jéricho est en effet la ville la plus basse au monde puisqu’elle est située à environ 240 m en dessous du niveau de la mer.
Et c’est depuis ce lieu le plus bas de la terre, et du bord d’un chemin au sortir de la ville, qu’un aveugle qui mendiait, nommée Bartimée, se met à crier à pleine voix : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! ». Tout en étant aveugle, il avait entendu que Jésus passait et il croyait qu’il était le messie attendu.
Il nous faut prendre la mesure de l’évènement qui est en train de se passer. De cet endroit le plus bas au monde, alors que tout semble perdu pour lui, la voix de Bartimée se fait entendre avec force comme une voix prophétique.
Son cri résonne un peu comme les trompettes qui, du temps du retour d’exode des Israélites, ont effondrées les murs d’enceinte de Jéricho et permis sa conquête.
Aujourd’hui, les murs d’enceinte, ce sont les gens qui veulent le faire taire. Mais Jésus, qui est en chemin pour sauver tous les hommes, ne peut rester insensible à ces cris.
Il fait appeler l’aveugle qui entend dire : « confiance, lève-toi, il t’appelle ». Nous avons là les mots même d’une dynamique de la résurrection. L’aveugle est appelé par Jésus à se remettre debout, à renaitre.
Et c’est ainsi que Bartimée jette son manteau pour signifier qu’il quitte son état de vie antérieure et, rempli d’une joie profonde d’avoir été entendu, il « bondit, et court vers Jésus », vers celui qui lui redonne l’espérance, vers son sauveur.
En effet, frappé par l’audace de Bartimée et après lui avoir demandé quel était son désir profond, Jésus va le guérir en une phrase : « Va, ta Foi t’a sauvé ».
Cette rencontre de Jésus avec l’aveugle Bartimée est riche d’enseignements pour nous. Il est intéressant de noter qu’il s’agit pour Marc de la deuxième guérison d’un aveugle.
Pour la précédente guérison, Jésus avait invité l’aveugle à retourner chez lui sans entrer dans le village, c’est-à-dire sans l’ébruiter ouvertement.
Ici, Bartimée, une fois guéri va suivre Jésus dans sa montée vers Jérusalem ce qui lève tout risque d’ambiguïté sur sa personne. L’aveugle guérit va découvrir que Jésus est un messie souffrant, qui nous sauve par amour en donnant sa vie pour nous librement.
Un des enseignements de cette rencontre, c’est qu’il n’existe pas de situations bloquées. Comme pour Bartimée, Dieu a placé au plus profond de chacun d’entre nous et même dans les situations les plus désespérées, un désir et une force de Vie qui ne demandent qu’à se révéler et s’épanouir au contact de Jésus, de sa Parole, de la Parole de Dieu.
C’est aussi l’expérience que fait le prophète Jérémie dans le passage entendu en première lecture. Cela se passe au moment de l’exil à Babylone entre – 597 et – 538 avant JC. Les Israélites ont tout perdu et c’est dans cette situation de détresse ultime que Jérémie fait entendre cette parole d’espérance et de vie qui l’habite et qui lui vient de Dieu : « Poussez des cris de joie pour Jacob…Faites résonner vos louanges et criez tous : « Seigneur, sauve ton peuple… ».
Ce cri de Jérémie est en effet annonciateur d’une libération prochaine des Israélites et d’un retour sur leur terre. Dieu n’abandonne pas son peuple. Il ne cesse de veiller sur lui de lui ouvrir les yeux et de l’accompagner dans ses épreuves.
Ainsi les lectures d’aujourd’hui sont une belle invitation à faire toujours confiance à Dieu, y compris et peut-être encore plus au moment de l’épreuve. Il n’existe pas de lieux de détresse où le Seigneur ne puisse nous rejoindre pour nous sauver et nous conduire vers la lumière. Pas nous sauver malgré nous, mais avec nous, avec notre collaboration. Osons lui adresser nos supplications, et surtout, mettons notre confiance en lui.
Nous avons la chance aujourd’hui d’accueillir 3 catéchumènes qui seront baptisés lors de la prochaine veillée pascale. Avec Géraymond, nous les accompagnons sur ce chemin depuis plus d’un an et c’est une grande joie pour nous de découvrir les merveilles que Dieu dépose en chacune de leur vie.
Eux aussi ont fait l’expérience d’un Dieu qui est venu les rejoindre là où ils se trouvaient et ils ont été sensibles à son l’appel : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle ».
Que cette eucharistie soit l’occasion pour nous de rendre grâce à Dieu pour toutes les merveilles qu’il fait. Que notre prière rejoigne celle du psalmiste : « quelles merveilles le Seigneur fit pour nous ». Amen.