Jeudi, 17 Octobre
Homélie du 15 août. Assomption de la Vierge Marie. Bertrand Caux, diacre.

En cette fête de l’Assomption de la Vierge Marie, nous célébrons l’entrée de Marie dans la gloire de Dieu à l’issue de sa fin terrestre. Dans cette fête apparait la destinée de tout être humain, donc notre destinée à tous, selon le projet de Dieu.

Ainsi, la fête de l’Assomption nous invite à tourner notre regard vers la Vierge Marie comme modèle à suivre pour entrer à notre tour dans la gloire de Dieu.

Après la mort et la résurrection de Jésus, « premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis » comme l’affirme St Paul dans la deuxième lecture, c’est à Marie, sa mère, de connaitre la résurrection. Cette résurrection de Marie, qui anticipe notre résurrection finale au retour du Christ, manifeste clairement le projet de Dieu sur notre humanité et le rôle spécifique de Marie, une mère pour tous.

Et cette résurrection, Marie, comme chacun de nous, la doit au Christ. Elle est le modèle parfait d’une humanité nouvelle, recrée en Jésus. Elle est en effet totalement tournée vers Dieu et vers nous tous.

Dans la première lecture, extraite du livre de l’Apocalypse de St Jean, nous entendions ces mots : « Un grand signe apparut dans le ciel : une femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous ses pieds et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement ».

L’Apocalypse est le dernier livre de la bible. Il a été écrit par l’Apôtre Jean du temps où les premiers chrétiens étaient persécutés pour leur Foi dans le Christ Jésus.

 Ce livre n’est pas annonciateur de catastrophes de fin du monde comme on a souvent tendance à le croire. Il est au contraire un message d’espérance adressé à la jeune Eglise qui est en pleine persécution.

Dans ce livre, la femme ne représente pas la Vierge Marie, mais le peuple élu qui engendre le messie.

En effet, dans la bible, les prophètes identifient souvent le peuple élu à une femme que Dieu veut épouser. C’est le cas en particulier du prophète Osée…

La présence du dragon symbolise les forces du mal qui sont à l’œuvre dans le monde et qui rendent difficile et douloureux, l’enfantement de cette humanité nouvelle que le peuple des croyants est appelé à engendrer à la suite du Christ.

Le fait que le dragon ait sept têtes nous dit toute l’intelligence qui habite ce mal et les dix cornes, sa force destructrice. Les premiers chrétiens, qui sont persécutés à cause de leur foi, et à qui ce livre est destiné en premier, en font la dure expérience.

Ainsi, ce livre de l’Apocalypse les invite à ne jamais désespérer et à vivre dans l’assurance de la victoire de la Vie sur la mort. En effet, le dragon, qui est prêt à dévorer l’enfant dès sa naissance n’a pas le dernier mot. Sa queue ne peut détruire toutes les étoiles du ciel et il ne peut empêcher la naissance de l’enfant.

Un enfant mâle qui sera le berger de toutes les nations et qui n’est autre que le Christ, celui à qui l’on doit notre salut. Oui, le dragon n’a pu empêcher la naissance du Christ.

Le livre de l’Apocalypse est donc bien un livre rempli d’espérance. Il affirme la victoire définitive du Christ sur le mal. Sûrs de cette victoire, n’ayons pas peur aujourd’hui, malgré les obstacles, de continuer à enfanter cette « humanité nouvelle ». Une humanité qui est celle du règne du Christ ressuscité, c’est-à-dire un monde où règne la justice, la paix et l’amour.

C’est pourquoi, la liturgie de ce jour nous invite à contempler Marie, modèle parfait de celle qui engendre l’humanité nouvelle. Nous sommes invités à la contempler dans le passage d’Evangile bien connu qui est celui de la visitation.

Immédiatement après l’annonciation qui vient bouleverser sa vie, il nous est dit que « Marie se rend avec empressement » chez sa cousine Elisabeth dont elle a appris de l’ange Gabriel, qu’elle était en enceinte de six mois alors qu’elle était âgée et stérile.

Cette hâte de Marie d’aller servir sa cousine nous dit combien elle est attentive aux besoins des autres. Elle ne reste pas figée dans l’éblouissement de l’annonciation.

En accueillant Marie, Elisabeth souligne deux points importants. Le premier, c’est la Foi de Marie qui a cru en la Parole de l’Ange : « Heureuse celle qui a cru… », et le deuxième, c’est l’humilité de la Mère de Dieu qui vient se mettre à son service : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? ».

Voilà ce que nous sommes invités à contempler en Marie : une croyante toute humble. Humble dans son écoute et son désir de servir la parole de Dieu. Humble dans son oubli de soi (elle ne se vante pas des grâces qu’elle a reçu). Humble aussi dans son écoute des autres, en l’occurrence d’Elisabeth qui s’avère porteuse d’un magnifique message de reconnaissance des merveilles de Dieu.

Ce message d’Elisabeth conduit Marie à rendre grâce à Dieu pour toutes les merveilles qu’il a faites pour son peuple et qu’il ne cesse d’accomplir.

Cette prière est celle du Magnificat que Marie compose à partir de morceaux de psaumes, c’est dire combien elle est imprégnée par la Parole de Dieu.

Je vous invite à relire et méditer cette magnifique prière de Marie adressée à Dieu, qui est dite en Eglise chaque soir au moment des vêpres aux quatre coins du monde.

Qu’avec l’aide de la Vierge Marie, cette eucharistie fasse grandir en nous la Foi en la Parole de Dieu et qu’elle nous garde dans l’humilité.

Bonne fête à tous et tout spécialement à celles et ceux qui portent le prénom de Marie. Amen.