Comme les disciples qui sont effrayés devant le déchainement de la tempête sur le lac de Tibériade, Job, dont il est question dans la première lecture se trouve lui aussi, mais d’une autre manière, en prise avec une forte tempête qui vient ébranler sa vie et remettre en cause sa vision de Dieu.
Job connaissait un bonheur parfait et, en homme pieu et riche, il suivait scrupuleusement les préceptes de la loi. Se croyant protégé du malheur, il voit pourtant subitement sa vie menacée par de multiples calamités inexplicables.
L’histoire de Job met ainsi en avant la question du mal et de la souffrance. Comment se fait-il qu’un homme qui a la Foi et qui suit scrupuleusement la loi du Seigneur puissent être, du moins en apparence, abandonné par Dieu et voué à la mort ? Où est la justice de Dieu ?
Job pensait connaitre Dieu, mais le voilà « embarqué » malgré lui sur un chemin de conversion intérieure profonde.
Le passage entendu en première lecture se situe presqu’à la fin du livre de Job. « Que le Tout-puissant me réponde » s’était-il écrié auparavant. Et voici que ce Dieu qu’il croyait sourd et inaccessible exauce son désir, mais pas comme il l’aurait imaginé.
Job est appelé à quitter sa suffisance pour être conduit sur un chemin d’humilité. En effet, Dieu qui est à l’origine du monde créé, en a fixé aussi lui-même les limites. Ne dit-il pas dit à la mer ? : « Tu viendras jusqu’ici ! Tu n’iras pas plus loin, ici s’arrêtera l’orgueil de tes flots !». Si Dieu maîtrise les flots, il maîtrise tout autant le mal qui est dans le monde. Job est donc appelé aussi à la confiance.
Et Dieu manifeste une grande patience envers Job. Il lui laisse le temps d’exprimer ses idées fausses, puis, vient le temps du silence, et enfin de la prise de conscience et de l’écoute. Dieu peut enfin être entendu par Job.
Cette histoire de Job est une belle invitation à la confiance dans les épreuves.
Cette histoire, comme tous les contes, car il s’agit d’un conte, se termine très bien pour Job. Elle veut montrer la victoire de Dieu sur les forces du mal.
Dans l’Evangile, les disciples sont invités par Jésus à « passer sur l’autre rive ». Comme pour Job, il y a là un mystère de Dieu qui, dans sa providence et sa pédagogie, veut nous conduire, au travers des évènements de notre vie, sur un chemin de conversion et de résurrection.
Et ce chemin, qui met à l’épreuve notre Foi, se fait à l’écart de la foule, après l’avoir quittée. Toute conversion, toute progression dans la Foi est en effet une affaire de rencontre personnelle entre l’homme et Dieu. Il n’y a plus la foule pour influencer son jugement.
Les disciples présents dans la barque étaient pourtant aguerris aux caprices de la météo sur le lac, mais cette violente tempête les dépasse complètement. Elle menace même leur vie puisque la barque se remplit d’eau par le déferlement des vagues.
Comme pour Job, les disciples s’en prennent à Dieu, en l’occurrence Jésus, qui dort paisiblement sur un coussin à l’arrière du bateau : « Maître nous sommes perdus, cela ne te fait rien ? » s’écrient-ils.
Réveillé par les disciples, Jésus fait taire immédiatement la tempête si bien qu’un profond silence survient, un silence propice à une prise de conscience pour chacun des disciples de leur petitesse devant les forces du mal que représente cette tempête et la victoire de Jésus.
Cet épisode, raconté par Marc, intervient pour nous Lecteurs, comme une relecture de la mort et de la résurrection de Jésus. Il vient bien sûr souligner sa divinité. Par sa mort et sa résurrection, Jésus a vaincu définitivement le mal. Certes, celui-ci reste présent dans le monde, mais avec Jésus, il peut être vaincu dans nos vies.
Cette expérience qu’ont fait les disciples dans la traversée du lac appelé aussi mer de Galilée est une expérience que nous sommes appelés à faire dans nos vies. Lorsque survient une épreuve qui nous met en face de nos limites, nous pouvons nous appuyer sur le Christ ressuscité. Lui seul peut faire taire en nous les forces du mal et nous mettre dans la Paix.
Même s’il peut sembler absent, il est bien présent et attentif à ce que nous vivons. Il est avant tout soucieux de notre maturation dans la Foi qui nécessite du temps.
Mais, ne l’oublions jamais, Jésus a vaincu le mal en y répondant par l’amour ainsi que par le don total et libre de sa personne, allant jusqu’à pardonner à ses bourreaux. C’est donc en suivant Jésus sur ce même chemin que nous pourrons vivre, dès ici-bas, de cette vie de ressuscités auquel notre baptême nous appelle.
Alors, nous pouvons comprendre ces mots de Saint Paul dans la deuxième lecture : « Si quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est né ». Et ce monde nouveau, c’est celui habité par la force du Christ ressuscité.
Que cette eucharistie nous rende toujours plus confiant en Dieu et en sa providence. Qu’avec la vie du Christ ressuscité en nous, nous trouvions la force de traverser les épreuves de nos vies.
Car c’est ainsi, comme le dit magnifiquement le psaume entendu, que nous pourrons « rendre grâce à Dieu, louer sa bonté et son amour », et cela en tout temps. Amen.