Les deux histoires de vignes que nous venons d’entendre, pourtant écrites à des périodes différentes, soulignent chacune une réalité que nous connaissons encore aujourd’hui : la violence ne cesse d’habiter nos sociétés. L’homme a fait des progrès immenses en matière de connaissance scientifique, mais nos sociétés peinent à emprunter des chemins de paix pourtant connus et vitaux.
Cela était vrai du temps d’Israël, dans l’ancienne alliance, comme nous le montre la première lecture extraite du livre du prophète Isaïe.
Le peuple d’Israël, comparé à la vigne du Seigneur, déçoit lourdement Dieu car cette vigne donne de mauvais raisins alors que Dieu l’a choyée et qu’il a tout fait pour qu’elle en donne de beaux.
Dieu attendait des hommes le droit et la justice et c’est le crime et les cris d’injustice qui surviennent comme un inattendu pour Dieu.
Cela est encore vrai aujourd’hui. Aussi, nous ne pouvons faire preuve de supériorité par rapport à nos frères ainés dans la foi. Cette première lecture nous invite à une grande humilité et à un examen de conscience pour tous nos manquements en matière de droit et de justice, mais aussi en matière d’accueil et d’écoute des personnes qui œuvrent pour plus de justice et donc pour la paix et la fraternité.
De ce manque d’accueil, Jésus en a fait lui-même les frais.
Alors qu’il incarnait l’Amour de Dieu et sa bonté pour tous les hommes, il a été condamné et mis à mort sur une croix.
La parabole des vignerons homicides que raconte Jésus dans l’Evangile traduit ce drame de notre humanité. Dans cette parabole, Jésus annonce sa mort, mais heureusement aussi sa résurrection lorsqu’il fait sienne cette Parole des Ecritures :« La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle ; c’est l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux ! »
Oui, malgré la dureté des hommes, Dieu ne cesse d’accomplir des merveilles capables de nous faire tressaillir de joie. En donnant librement sa vie pour tous et en priant Dieu par ces mots avant de mourir : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font », Jésus nous a ouvert au Pardon de Dieu offert gratuitement à tous et à la Vie plus forte que la mort.
Ainsi, un avenir reste possible. Dieu ne nous abandonne pas, il continue à nous proposer son amour et ses grâces car il ne cesse de croire en l’homme et en ses capacités à donner de beaux fruits d’amour, de justice, de paix et de miséricorde.
Nous pouvons en être témoins tous les jours et rendre grâce à Dieu. Dans ce monde où la violence demeure, des hommes et des femmes, de confessions diverses et même sans confession, œuvrent avec joie et détermination pour un monde plus juste et fraternel.
Il est intéressant de noter que le passage d’Evangile entendu se termine par cette parole de Jésus adressée aux grands prêtres et aux anciens du peuple d’Israël : « Aussi, je vous le dis ; le royaume de Dieu vous sera enlevé pour être donné à une nation qui lui fera produire ses fruits. »
Cette parole pourrait être entendue comme une condamnation, mais il n’en est rien. Nous savons que Dieu ne condamne personne et qu’il ne peut renier sa parole. Israël a été choisi par Dieu comme le peuple élu et cette élection produit une nouveauté dans l’humanité. C’en est fini d’errer dans un certain aveuglement …
Malgré ses fragilités et ses tragédies la vocation du peuple élu est de manifester cette nouveauté au monde de la présence de Dieu et de son action.
Jésus élargit cette capacité de manifester la présence de Dieu et son action, à tous les hommes qui mettent en acte ses paroles.
C’est aussi cela la merveille de Dieu ; un peuple universel, sans frontières, où, comme le dit St Paul dans la lettre qu’il adresse aux Philippiens. « Tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela prenez-le en compte ».
A l’image de ce Dieu qui ne désespère jamais de l’homme et qui ne cesse de lui manifester sa présence, nous sommes invités à croire qu’un avenir est toujours possible. Dieu ne cesse de faire surgir la vie et il veut que chaque vie soit la plus belle possible, qu’elle produise de beaux fruits.
Si dans l’ancienne alliance, la vigne pouvait symboliser un peuple, et en l’occurrence la maison d’Israël, avec Jésus, la vigne devient le royaume de Dieu où tous les hommes de bonne volonté sont appeler à y œuvrer.
Comme le dit St Paul dans sa lettre aux Philippiens : « ne soyez inquiets de rien, mais en toutes circonstances, priez, tout en rendant grâce, pour faire connaitre à Dieu vos demandes ».
Alors Avançons avec confiance, et rendons grâce à Dieu pour sa présence agissante au cœur de nos vies. C’est bien ce à quoi nous invite cette eucharistie !