Jeudi, 30 Janvier
Célébration œcuménique. 21 janvier 2025
 
Dabs le cadre de la semaine de l'unité des chrtiens, une célébration oecuménique a eu lieu le mardi 21 janvier à l’église St-André de Maurin en présence de nos frères protestants et orthoxe.
Ci dessous retrouvez le intervenyions de la pasteure Ingrid  Prat et de Frère Arnaud.
 
célébration œcuménique  célébration œcuménique
 

Méditation sur Jean 11,1-44. Récit de la résurrection de Lazare.

Intervention de la Pasteure Ingrid Prat  
Y voit-on mieux, y voit-on plus clair lorsque la foi nous habite ? Sommes-nous plus lucides ? Sommes-nous plus paisibles ?
 
On a souvent rétorqué aux croyants que la religion était l’opium du peuple, gardant pour argent comptant les propos de Karl Marx. Les croyants seraient donc des drogués vivant dans un paradis artificiel incapables de prendre des responsabilités, prompt à l’engourdissement moral et intellectuel. Bref, j’imagine bien les croyants comme des zombis, des Lazare tout juste sortis du tombeau encore enroulés de leurs bandelettes… Rien de très lumineux dans tout ça !
Or, s’il y a bien une chose sur laquelle nous pourrions être tous d’accord aujourd’hui c’est justement de dire que nous ne sommes pas d’accord avec ce propos.
Croire n’est pas si simple. Le chemin du croire est parsemé d’embuches, de questionnements, de doutes et la foi se flétrit ou s’épanouit au grès de ce cheminement. Notre foi doit être alimentée pour grandir.
En ce sens, la rencontre de Jésus et de Marthe me touche.
Marthe a bien appris son catéchisme, elle croit certaines choses, plus exactement elle sait certaines choses. Elle a ce savoir théorique que Jésus « aurait pu », ce savoir théorique que Jésus « peut », ce savoir théorique que même si Jésus n’accomplit pas de miracle sous ses yeux, son frère ressuscitera à la résurrection, au dernier jour ; tous les juifs du temps de Jésus savent cela, ça fait partie de leur croyance.
 Son croire est un savoir qui n’est pas encore celui de la foi.
Nous sommes pétris de savoirs théoriques, chacun dans nos croyances respectives. Chaque église aujourd’hui a sa propre confession de foi, son propre système de croyances. Le concile de Nicée en son temps avait établi un consensus de croyance et ceux qui ne s’y sont pas soumis ont été exclus.
Aujourd’hui encore des croyants accusent d’autres croyants de ne pas « bien croire ». Certains auraient donc une foi juste et véritable quand d’autres en seraient bien loin… Il n’y a rien de très lumineux dans tout ça !
Marthe, pendant ce temps, chemine sur le chemin de la foi, bataille avec son système de croyance. Elle sait beaucoup de choses qui pourraient déjà, en soi, la consoler de la mort de son frère. Mais ce n’est pas suffisant.
« ton frère ressuscitera »… C’est ce que l’on dit pour calmer la souffrance de ceux qui pleurent… mais cela ne change pas la souffrance de l’absence en présence.
Marthe est dans ce savoir là, ce savoir qui console un peu, ce savoir qui espère. Et Jésus sent bien ce désarroi qui la ronge alors il en rajoute : « Je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt, et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ? »
A cet instant, Marthe passe du savoir théorique à la foi. Elle comprend que la résurrection est pour elle. Elle comprend que, malgré le deuil qui l’accable, elle va pouvoir se relever. Celui qu’elle avait cru absent au moment fatidique de l’épreuve se révèle en un Dieu présent sur le chemin du deuil, le douloureux chemin de la réconciliation avec la vie. Marthe entre dans la lumière.
Si Marthe était là avec nous ce soir, elle pourrait témoigner de sa propre résurrection. Elle nous raconterait comment le Christ a fait d’elle une nouvelle créature, comment elle est entrée dans la foi.
Je crois que nous sommes appelés sur ce chemin là : laisser tomber nos systèmes de croyances, laisser tomber les « gros mots » du christianisme, pour parler en « je ». Nous deviendrions alors les uns pour les autres des témoins de la lumière et nous pourrions dire avec Marthe : « je crois ».
 
Intervention de Frère Arnaud
Dire : je crois ou plutôt oser dire, comme nous osons dire « Notre Père »
Dire je crois, c’est en effet se présenter devant Dieu et reconnaître ce lien qui nous unit à lui, qui fait que notre vie dépend vraiment de lui, que nous sommes liés à la vie comme à la mort, que nous existons par lui et pour lui, que nous sommes ses enfants,
parce que nous vivons de son amour, par son amour.
La foi est un cœur à cœur, une écoute attentive, une marche constante, à l’instar du peuple de Dieu qui marcha 40 ans dans le désert, guidé par la colonne de nuée le jour, la colonne de feu la nuit, à l’instar des disciples qui ont marché avec Jésus sur les routes de Judée et de Galilée ou encore comme les deux disciples qui, sur le chemin d’Emmaüs, ont ouvert leur intelligence et leur cœur au sens des Ecritures.
Marcher avec la Parole, le Verbe fait chair, à nos côtés, dans notre cœur, à travers toutes les fibres de notre être, comme nous le rappelle le Deutéronome.
Mais l’expérience vécue par Marthe, passant de la croyance à la foi, éclaire-t-elle aujourd’hui ma foi ?
C’est souvent au travers des épreuves que Dieu vient se révéler à moi et faire naitre au creux de ma faiblesse, de ma misère, sa présence, tantôt douce comme une brise légère, tantôt ardente comme un éclair.
Dieu vient ainsi habiter nos manques affectifs, combler notre désir d’être aimé. Il vient nous apporter sa consolation dans la deuil, sa chaleur dans la séparation. Il nous réconforte quand nous sommes accablés par la maladie.
Mais c’est en réalité à travers les autres, leur proximité, leur bienveillance, leur délicatesse. C’est à travers leur regard, leur tendresse, que je peux découvrir ce Dieu qui m’aime et qui m’invite à aimer.
C’est à travers la foi des autres, leur recherche intellectuelle, leur quête spirituelle, que je découvre combien Dieu habite les coeurs, les pensées des hommes, combien il agit par son amour et faire d’eux un peuple ardent à faire le bien.
Alors je peux entrer dans l’aventure de la foi qui a conduit des générations d’hommes et de femmes,  je peux entrer dans ce grand mystère que nous ont annoncé les apôtres, à la suite de Marthe et des femmes qui ont vu le Ressuscité, que Paul a proclamé à toutes les nations, ce mystère longtemps caché et désormais pleinement révélé en la personne de Jésus Christ notre Seigneur.
Oui, c’est portés par ce flux ininterrompu, que nous pouvons nous avancer, et demander à Dieu de nous rassembler dans l’unité de la foi et de son amour. C’est soutenus par l’élan du mouvement qui nous précède et nous accompagne
que chacun de nous peut oser dire ; je crois !
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